Yves MARTIN
Légende de la photo: Portrait d'Yves Martin, par Alain Breton. Tous droits réservés (Les Hommes sans Epaules).
Yves Martin (1936-1999) effectue ses études dans un collège religieux. La maladie le « cueille » très tôt. Son enfance est celle d’un enfant chétif, solitaire, maladif, conscient et souffrant de sa différence. A l’âge de seize ans, Yves Martin découvre la poésie à travers les œuvres de Rilke, de Jacques Prevel et d’Apollinaire. Il échoue au baccalauréat. Sous la pression familiale, il entre dans une étude parisienne en qualité de clerc de notaire. Il y restera de 1956 à 1982, année de son licenciement. Martin s’enflamme pour le cinéma. C’est dans la ferveur et l’amitié, que Martin fonde « Le Nickel Odéon » (1958-59), un club de cinéma avec Bertrand Tavernier, Pierre Maginot et Bertrand Martinand. Passée l’année 1982, la vie du poète va se partager entre la solitude, les lits d’hôpitaux et l’écriture. Il est désormais marqué par la maladie (voir le recueil L’Hôpital vole (1992), le désarroi et l’exil, mais aussi par le Merveilleux, qui transpire de ses vers. Entretemps, son premier manuscrit a été remarqué et publié par Jean Breton et Guy Chambelland. Il s’agit du Partisan (1964). Le livre fait l’unanimité. Jean Breton put écrire avec le recul : « Je ne me suis pas trompé en 1964 - j’en suis heureux - quand j’écrivis une préface pour Le Partisan, le manuscrit d’un inconnu, Yves Martin. Je disais avoir découvert un poète. » Trente-et-un livres suivront, dont treize livres de poèmes et dix-sept livres de récits, de nouvelles, et un essai sur le cinéma : Le Cinéma français 1946-1966. Un jeune homme au fil des vagues (1998).
Pour Yves Martin, tout est mystérieux et rien n’est évident. Voilà la base de sa poésie. De la réalité la plus banale peut naître l’émerveillement. Cette œuvre quasi magique est un corps à corps avec la vie courante, avec ses passants, ses silhouettes familières et ses petits faits que le poète transforme en bijoux, nous en dévoilant tous les mystères et la poésie évidente. Mais si la vie et le réel fusionnent pour devenir une fête, le poète ne peut prétendre y prendre part : le poète est exclu et tenu en marge. Dés lors, s’engage un dualisme entre le monde extérieur et le monde intime du poète. La douleur et la mort entrent dans le paysage et n’en sortiront plus. Yves Martin est un poète et prosateur hors-norme, qui a élaboré l’une des œuvres comptant parmi les plus marquantes de notre époque. Le poète a sécrété une mythologie qui lui est propre. Rien n’échappe à son regard, qui s’imprègne et communique avant tout avec la rue. Aîné, ami très cher, Yves Martin était l’un des nôtres. Il fut très présent au sein des HSE, dans la revue comme dans la vie du groupe, tant au sein de la 2ème, que de la 3ème série : poèmes, nouvelles, entretiens... Un dossier lui a notamment été consacré, par Alain Breton, dans Les HSE 8 (2ème série, 1993). Un deuxième dossier lui a été consacré, par Christophe Dauphin, dans Les HSE 20 (3ème série, 2005). Yves Martin a naturellement été présenté (par Jean Breton) et publié comme « Porteur de Feu », dans Les HSE 6 (3ème série, 2005).
Christophe DAUPHIN
(Revue Les Hommes sans Épaules).
À Lire (poésie) aux éditions Guy Chambelland : Le Partisan (1964), Biographies (1966), Poèmes courts suivis d’un long (1969), Le Marcheur (1972), Je fais bouillir mon vin (1978), De la rue elle crie (1982), Mr William (1985); Assez ivre pour être vivant (La Bartavelle, 1987), Le Pommier (1993), Je n’ai jamais su choisir (La Bartavelle, 1990), La Mort est méconnaissable (La Table Rase/Écrits des Forges, 1990), L’Hôpital vole (La Bartavelle, 1991), Manèges des mélancolies (La Table Ronde, 1996), Aux amis (L'Arbre, 2000), Le Ciel s’envoie en l’air, livre-collages et pièce de théâtre de Janine Magnan (Librairie-Galerie Racine, 2010).
Prose : Je rêverai encore (Le Tout sur le Tout, 1978), Un peu d’électricité sous un grand masque noir (Le Cherche Midi, 1979), L’Enfant démesuré (Le Tout sur le tout, 1983), Retour contre soi (Le Dilettante, 1987), Vision d’Anvers (Le Tout sur le Tout, 1987), Testament zéro (La Bartavelle, 1990), Vigneux-sur-Seine où le Flâneur n’est jamais perdant (Ville de Vigneux, 1991), Le Nymphéa et le Confetti (Voix, 1992), Gris bonheur (La Bartavelle, 1992), Le Bouton d’or (Le Milieu du Jour, 1993), Les Surprises perpétuelles du poisson-girafe (Fragments, 1993), Mes Prisonnières (Zulma, 1994), Les Rois ambulants (Zulma, 1996), Etats des lieux (L’Esprit des Péninsules, 1997), Premier automne ému depuis longtemps (La Bartavelle, 1998), Le Cinéma français 1946-1966, un jeune homme au fil des vagues (Méréal, 1998), Il faut savoir me remettre à ma place (Le Cherche Midi Editeur, 1999), Quelques pas ensemble (Monum, Éd. du Patrimoine, 2002).
"Yves Martin : rêver en cinémascope". Entretien avec Marc Villard (in marcvillard.net).
"Yves Martin, le promeneur inspiré", par Sorin Raphaël (in L'Express, 1996).
"Yves Martin", par Jean-Michel Robert (in textebook.exionnaire.com).